Clément n’est pas un héros ordinaire. Habité d’un étrange complexe du Messie, il erre dans les rues de Montréal à la recherche d’une mission qui pourrait enfin donner un sens à sa vie. Véronique, elle, distribue des bols de soupe chaude dans un centre communautaire tout en puisant son réconfort dans les romans. Deux âmes cabossées, deux trajectoires qui se croisent… puis se ratent. Un rendez-vous manqué, en apparence banal, mais qui déclenche une suite d’événements aussi troublants qu’inexorables.
Lorsque Clément remporte un milliard de dollars à la loterie, il voit dans cette fortune l’occasion rêvée de « sauver le monde ». Mais sauver qui, et comment, dans une ville où les clochards disparaissent les uns après les autres ? Tandis que Véronique enquête sur ces disparitions inquiétantes, un troisième personnage s’impose lentement : un ancien pensionnat catholique, planté au sommet du mont Royal, qui veille sur la ville comme une ombre figée, écho d’un passé encore bien vivant…
À mi-chemin entre la satire sociale, le drame psychologique et une fable gothique urbaine, Les Clochards de Ville-Marie refuse les étiquettes faciles. Tantôt poignant, tantôt grinçant, ce roman s’empare des codes du roman noir pour mieux révéler les zones grises de notre société. Alain Thibodeau y déploie une plume acérée et singulière, teintée d’humour noir et de lucidité, pour offrir un regard percutant — et résolument original — sur l’itinérance, la foi, la folie ordinaire et l’hypocrisie sociale.
Ce n’est pas un roman qui vous caresse dans le sens du poil. C’est un livre qui vous bouscule, qui gratte là où ça fait mal, tout en vous prenant par la main pour vous montrer, avec tendresse et cruauté mêlées, le visage caché de Ville-Marie. Montréal y devient une scène de théâtre grinçante, un bal masqué où chacun — qu’il soit riche ou pauvre, croyant ou cynique — joue son rôle avec plus ou moins de conscience.
Un roman hors norme, hors case, qui séduira les lecteurs avides d’univers sombres et de récits à la fois dérangeants et profondément humains.